Comment contrer la mélancolie? Rilke, Les Shadocks, Frida Kahlo, la confiture de figue, le swing, Nietzsche et le catch font-ils partie des remèdes efficaces contre le vague à l’âme? Cet été encore, pour tenter de répondre à la question, Eva Bester invite chaque jour une personnalité du monde des arts ou des idées à convoquer les grands esprits (écrivains, penseurs, héros…) et les objets culturels ou intimes (films, livres, activités, lieux…) qui lui permettent de fuir le spleen.
À travers un entretien ponctué de nombreux extraits de films, d’archives sonores et de musiques, l’auditeur pourra non seulement découvrir l’invité sous un angle inaccoutumé, mais aussi enrichir son esprit curieux et réjouir son âme grâce aux remèdes et pépites évoqués pendant l’émission.
Danoise d'origine, l'écrivaine Pia Petersen vit entre Marseille et Paris. Elle vient de publier "Instinct primaire" chez Nil Editions. Un court texte dans lequel la narratrice écrit à l’homme qu’elle aime mais qu’elle a quitté au pied de l’autel un an auparavant. L'auteure y défend son point de vue féministe, n'hésitant pas à relever les hypocrisies sociales. Elle s'en explique au micro de Christine Gonzalez.
«Un écrivain, un vrai» l’histoire terrifiante, et oh combien riche d’interrogations de Gary, un auteur reconnu par ses pairs et par le public comme un grand nom de la littérature, et qui va se perdre à son corps défendant dans le piège du storytelling et de la séduction médiatique. «Un écrivain, un vrai», c’est le dernier roman de Pia Petersen publié chez Actes Sud.
Pia Petersen et Marseille, "Je t’aime moi non plus"
Voilà quinze ans que l’auteure danoise Pia Petersen s’est installée à Marseille. Elle aime y écrire, pas trop y vivre. Elle apprécie le désordre phocéen mais regrette sa placidité. "Danemark? Marseille? Pareil! A fuir!" Parfois les ambivalences font les belles villes (et les bons écrivains)!
Fabuleuse épopée que celle de cet écrivain renommé, couronné d’un International Book Prize, Gary Montaigu, qui accepte de participer à une émission de téléréalité «Un écrivain, un vrai». L’objet de l’émission est de le montrer au travail, en train d’écrire (comme si les écrivains écrivaient avec stylos ou machines). Comment? Les contraintes de l’émission obligent à changer la trajectoire de tel personnage? Et oui, monsieur l’écrivain, vous tenez le stylo mais l’empire de l’audience médiatique dicte le texte.Il rêvait de faire entrer la littérature dans les salons des téléspectateurs, c’est la médiocrité qui envahit son travail. Il finit par se retrancher et fait cet amer constat: «Le monde sombre dans l'ignorance, dans la déshumanisation, dans le totalitarisme, dans l'obsession de la sécurité, dans le profit, les hommes sont réduits à n'être plus que des vecteurs économiques, il y a trop d'hommes et ils ne comptent plus du tout, l'esprit critique n'est plus possible, remplacé par j'aime, je partage et lui, il se demande si ça sert encore à quelque chose d'écrire».
Du malheur de l’artiste, de son inutilité déclarée, naissent la fortune de ceux qui gravitent autour de lui. Amer constat sur notre époque.
Question à Pia Petersen: qu'est-ce qu'un vrai écrivain?
La littérature mourra-t-elle devant les assauts de la non-pensée véhiculée par la téléréalité, l'écriture numérique et volatile?
L'écrivain n'est-il que l'objet de sa muse dans cette histoire ( sa femme en l'occurence)
RTS - Émission Vertigo - Janvier 2013 le magazine culturel de La Première, chaîne radio de la RTS
Par Christine Gonzalez
Livres: Pia Petersen, "Un écrivain, un vrai" (Actes Sud)
"La téléréalité, c’est l’avenir du livre" ose l’auteure danoise Pia Petersen qui imagine un romancier à succès filmé 24 heures sur 24 pour les besoins d’un programme télévisé. En toile de fond, une réflexion sur la manière dont doit se renouveler la littérature. Comment le livre peut-il se réinventer à l’ère de tous les changements?