COLLAPSE

 

 

Je l’attends depuis longtemps. À cause de lui je suis en confinement et je le guette. Il rôde quelque part autour de moi, peut-être déjà en moi, il est libre et il circule rapidement et attaque quand il peut. Je l’attends depuis si longtemps et maintenant il est là, le semeur de chaos qui, en quelques jours, a ravagé la planète avec sa réalité incontrôlable et pour le moment indomptable. J’ai de l’admiration pour lui. Si petit et si puissant.

Je regarde l’esplanade par ma fenêtre, où les gens d’habitude font du sport, jouent au foot, où les enfants font peur aux chiens avec leur trottinette, où des gens âgés profitent d’un moment de bavardage sur un banc. L’esplanade est vide, totalement et implacablement vide. Le ciel est gris et ne fait rien pour nous rassurer. Le ciel s’en fiche de nous. Il est, c’est tout. Ou peut-être qu’il a une conscience, qui sait.. Lire

La lettre de Luna

 

Nouveau paradigme,
nouveau monde

 

On dit qu’il est temps de changer le monde puisque plus rien ne marche. On dit vive la révolution mais la révolution est derrière nous, elle s’est faite à notre insu. Le monde a changé. Nous sommes dans un nouveau monde mais nous ne l’avons pas pris en compte. On a beau faire des efforts pour résoudre les problèmes qui s’accumulent à une vitesse affolante, rien ne semble marcher et l’état du monde empire. On a du mal à concevoir l’ensemble, on n’arrive plus à distinguer et à lier les choses entre elles, on n’arrive pas à saisir le véritable problème.
C’est qu’on interprète le monde selon un ancien paradigme, sans tenir compte que ce paradigme a déjà changé... Lire

De l'appropriation des cultures

 

Percival Everett

 

De l'appropriation des cultures de Percival Everett a été mis à disposition sur le site de son éditeur américain Graywolf Press après la tuerie de Charleston, Caroline du Sud en 2016.
Comme beaucoup d’amis et de lecteurs m’ont fait part de leur désir de la lire et que c’est une nouvelle magnifique, je l’ai traduite. Ceci est bien entendu une traduction libre.

Daniel Barkley avait de l’argent que sa mère lui avait laissé. Il avait une maison que sa mère lui avait laissée. Il avait un diplôme en Études Américaines de Brown University qu’il avait d’une certaine manière mérité mais qui ne lui avait jamais rien apporté. Il jouait sur une guitare Martin 1940 doté d’un micro Barkus-Berry... Lire

Réalité des écrivains

 

languagematter

 

Avventure da non credere. Romanzo e formazione

La réalité, c’est l’ensemble des choses qui sont, qui ont une existence objective et constatable, c’est ce que nous apprend le dictionnaire, pratiquement n’importe quel dictionnaire. C’est donc quelque chose qui se situe en dehors de nous et sur lequel nous n’avons pas forcément un contrôle.
Être écrivain est un statut ambigu, ou plutôt être romancier est ambigu. C’est d’abord une manière de s’inscrire dans une longue tradition foisonnante d’êtres qui écrivent des choses magnifiques, destinées à nous éclairer... Lire

À Raymond Jean

 

Raymond Jean , La lectrice

 

Raymond Jean est mort et le Président n’en a pas dit un mot

Quand j’ai croisé Raymond Jean, je n’étais personne et aujourd’hui, je ne suis toujours personne mais j’ai croisé Raymond Jean qui m’a offert son amitié et son soutien d’écrivain. Je me souviens encore de mon étonnement de voir un grand écrivain comme lui si accessible, si ouvert aux autres et encore capable d’émerveillement, quoique souvent angoissé... Lire

Marseille par Pia Petersen

Photos de Bertrand Desprez

 

Quartier du Panier à Marseille

 

À Marseille, il y a le soleil et la mer, il y a de l'ail et du pastis et des olives et parfois on tombe sur une sardinade, un apéro géant autour de sardines grillées. Le vieux-Port est au centre de la ville et il y a la Canebière dont on écrit toujours qu'elle se jette directement dans la mer. Il y a la Corniche, la plus belle corniche du monde d'où l'on voit le château d'If et le Frioul et l'hôpital Caroline. Quelques monuments et le David qui regarde vers le Prado, montrant ses fesses à la mer et l'installation de Buren avec ses drapeaux du monde entier. Il y a les auteurs de polars marseillais toujours en train de dédicacer quelque part, ils se déplacent tous ensemble, comme un team de foot et au Vieux-Port on peut boire un verre au café "OM" en regardant les matchs... Lire

Insolence et nonchalance

 

Marseille

 

Il m’a proposé de m’installer avec lui à Aix-en-Provence et j’ai dit oui. «Tu verras. C’est la plus belle ville de France, il y a des fontaines et il fait beau puis c’est le pays de Cézanne et de Zola et la Provence est magnifique. Il y a bien sûr Marseille, mais on n’est pas obligé de s’y rendre. Marseille, la ville des trafics, avec ses bars tenus par le milieu, une ville à problèmes: on peut ne pas y aller, mais il y a quand même la mer, la mer qui s’étale tout au long de Marseille, la plus belle corniche du monde.»Je voulais vivre en Bretagne, dans les tons gris, de toutes les nuances et être entourée d’arbres nus, couchés par le vent mais tant pis. Pourquoi pas la Provence? Et puis pourquoi pas Marseille?... Lire