Un roman au-dessus du lot !
LA CULTURE SE PARTAGE
Août 2012
Pia Petersen est née à Copenhague au Danemark mais ce pays ne lui convient pas. Elle a galéré, en Grèce, et en France (où elle vit actuellement): petits boulots, études à la Sorbonne (français et philosophie), café-librairie puis premières publications. Son premier roman, Le jeu de la facilité, est paru en 2000, et depuis six autres romans ont vu le jour: Parfois il discutait avec Dieu (2004), Une fenêtre au hasard (2005), Passer le pont (2007), Iouri (2009), Une livre de chair (2010) et Le chien de Don Quichotte (2012).
Hugo travaille pour Esteban, le riche directeur d'Athenar Entreprises. Il est un tueur – un porte-flingue – et, même si ça a horrifié sa mère, il aime son travail, le fait bien, a la confiance de son patron et mène la belle vie.
Une nuit, dans un bar, il boit un dernier verre à côté d'un prêtre ivre qui ne croit plus en Dieu et qui lui laisse un livre.
Lors de la mission suivante, Hugo abat un homme qui a volé son patron et recueille un chiot attaché qui gémissait sur le parking.
Il était resté ainsi très longtemps, le chiot sur les genoux et le livre à la main et quand il avait enfin posé le livre, il avait pris une décision. Tout lui paraissait du coup très clair, comme évident. Il allait devenir un autre homme. Il allait se battre pour le bien et sa première bataille serait de ne plus tuer, […]. À ce moment précis où il se décida, il se sentait heureux, […]. (page 13).
Le chiot et le livre ont ouvert les yeux de Hugo! Il veut changer de vie.
Il pensait que les gens devaient réapprendre à aimer la vie. (page 64).
Mais un matin, Hugo et ses collègues, Boris (un autre tueur) et Éric (de l'informatique), se rendent compte d'une cyberattaque et d'argent détourné par le groupe de hackers Vendredi 13.
Hugo et Boris vont devoir traquer les jeunes de ce groupe. Et Hugo ne pourra pas les protéger car il est surveillé par Boris qui a remarqué le changement survenu à son collègue et veut prendre sa place.
Depuis qu'il avait décidé de faire le bien les gens n'arrêtaient pas de mourir autour de lui. (page 64).
Un de mes passages préférés
Les confessions l'avaient brouillé avec le genre humain. Il n'était pas sûr qu'on puisse qualifier l'humanité de genre mais il s'en foutait. Bon dieu, quelle galère. Pour lui, l'humanité n'était pas recommandable, il n'était pas possible d'en extraire quoi que ce soit de bon, […]. Il avait bien compris que tout homme était remplaçable après consommation alors pourquoi persister à croire en un monde meilleur?
À chaque idéologie, l'humanité se dégradait davantage. L'optimisme était l'opium des gens désespérés et il trouvait les optimistes déprimants. […]. (page 67).
Pour l'instant, j'ai aimé tous les titres de la collection Vendredi 13 mais celui-ci est pour moi au-dessus du lot! J'ai énormément apprécié l'écriture fluide et délicate de Pia Petersen, et surtout le thème: le tueur qui veut changer de vie car il a un être à aimer vraiment (un chiot) et parce qu'une lecture a changé son point de vue sur la vie et la mort, sur le bien et le mal.
Ah, l'importance de nos lectures sur ce que nous sommes! Au tout début, j'ai cru que le livre laissé par le prêtre était une Bible (c'était logique), mais il y a bien sûr un indice dans le titre de ce roman. Ainsi, notre Don Quichotte moderne ne réussira pas mieux que le chevalier de Miguel de Cervantes! Au contraire... Et là, résident l'humour et l'horreur tragi-comique de ce qui arrive dans ce roman jusqu'à l'affrontement final.
Un roman que je verrais bien adapté au cinéma!