L'art comme arme
LE FIGARO LITTÉRAIRE
F. D.
Janvier 2009
L’auteur d’origine danoise campe un plasticien qui se transforme en criminel.
Des meurtres ont été commis à Paris. La police a peu d’indices. Il faudrait en effet que les enquêteurs aient l’idée de les chercher dans une galerie d’art du Marais où un artiste étrange s’enferme peu à peu dans le mutisme.
C’est dans ce milieu de collectionneurs et de plasticiens papillonnants de vernissages bruyants en galeries silencieuses que Pia Petersen situe l’intrigue de son cinquième roman, Iouri. La narratrice observe au fil des jours le naufrage de l’artiste qui est son compagnon. Elle est de plus en plus inquiète. N’a-t-il pas évoqué comme un acte artistique ultime la possibilité de tuer quelqu’un? L’héroïne est d’autant plus alarmée que son ami lui refuse désormais l’accès à son atelier et la repousse brutalement.
La romancière décrypte la manière dont le mécanisme de la terreur s’emballe. Son personnage féminin oscille constamment entre le doute et la raison. La narratrice épie, écoute, surveille avec le sentiment de tromper cet homme qu’elle aime.
L’écriture de Pia Petersen ne s’encombre pas de fioritures. Ses phrases courtes et descriptives sont au service d’une intrigue serrée. Dès le début du roman, elle ne cache rien de l’épilogue mais parvient à faire durer le suspens en décrivant l’affolement croissant de son héroïne.
De ce point de vue-là, son roman est réussi. Il l’est peut-être moins lorsqu’il fait mine d’interroger le lecteur sur l’engagement de l’artiste et les dérives d’une société sécuritaire.