La langue est incroyable, virevoltante, virtuose, innovante
LA CRITIQUANTE
Janvier 2019
Cela fait une éternité que ce livre fait partie de ma whislist! Je suis tellement heureuse d’avoir enfin pu lire Un écrivain, un vrai de Pia Petersen.
Le style plus exigeant et personnel de l’auteur m’a surprise. J’étais tellement habituée à la narration facile et à la plume simple mais belle des romances young-adult. Dans ce livre, je trouve que tout, que ce soit les dialogues, les personnages, le rythme, le thème, est un cran au-dessus des autres romans lambda. C’est toujours l’effet que ça me fait avec Pia Petersen : j’ai toujours l’impression de lire de la bonne littérature, accessible mais dans le haut du panier tout de même.
Le héros s’appelle Gary. Il a enfin obtenu le prix littéraire qu’il attendait tant. Il est célèbre, ambitieux, beau. Avec sa femme Ruth, il accepte d’être la vedette d’une téléréalité : il serait là, en train d’écrire, modifiant son récit selon les votes des téléspectateurs. La création à l’ère moderne dans toute sa splendeur. Mais une émission comme celle-ci, c’est également se laisser dicter ses choix, se faire filmer tout le temps, accepter les compromis et les scénarios. Même quand le scénario en question touche à son couple – et le scénario finit peut-être par devenir vrai. On retrouve aussi le même Gary un an plus tard, enfermé dans son sous-sol. Il ne sort plus, redoute sa femme. Tout a changé.
On fait des allers-retours dans le temps, dans les points de vue. Ce n’est jamais indiqué clairement donc il faut peut-être être un peu attentif au début mais on finit toujours par retomber sur ses pieds. J’étais très emballée par la quatrième de couverture, mais finalement l’intrigue se base plutôt sur les personnages et leur lien entre eux. Je les ai tous appréciés : il faut dire que l’auteure a beaucoup de talent pour dessiner des personnages forts et complexes. Ils évoluent avec le temps et les épreuves. Certains sont naïfs, d’autres présomptueux… Je pensais que le côté télévision, vedette, télé-réalité prendrait le dessus, mais en réalité pas vraiment. On parle bien sûr d’argent, de célébrité, de notoriété, mais pas en tant que tels : Pia Petersen nous montre plutôt quelles répercussions tout cela peut avoir sur notre vie.
Comment veux-tu qu’on te prenne au sérieux? Gary bredouilla que c’était
ainsi, le monde d’aujourd’hui, qu’il fallait du réel, quelque chose
d’instantané, d’immédiat, que les romans se lisaient à la télé, c’est le
nouveau monde et il balbutia que la fiction, c’était maintenant en dehors
du roman qu’elle s’écrivait, parce que le quotidien était mis en fiction.
C’était troublant.
Les pages défilent vite, même si certaines semblent bien longues – Pia Petersen n’est pas toujours fan des retours à la ligne, certains passages sont un peu longs. Mais la langue est incroyable, virevoltante, virtuose, innovante. J’apprécie de faire un style si personnel, si particulier. Sans compter que le sujet de base me plaisait et que les personnages sont incroyables. Je ne peux que vous le recommander!