Bourré d'humour noir, d'ironie et de second degré
LE GRENIER À LIVRES
Choco
Juin 2012
Hugo, un ancien flic, est désormais l'homme de main, et accessoirement le tueur à gages, d'Esteban, riche patron d'une multinationale. Voilà déjà quelques années qu'il travaille pour lui mais depuis quelque temps, Hugo semble perturbé. C'est qu'il a adopté un chien, Bion, qu'il trimballe désormais partout et qu'il a fait connaissance d'un prêtre alcoolique aux pensées fort peu catholiques! Ces rencontres vont révolutionner sa vie: désormais Hugo ne veut plus tuer! Hélas, c'est sans compter le mauvais sort et ce mystérieux groupe de hackers dénommé Vendredi 13 qui sème la zizanie dans les affaires véreuses d'Esteban...
Esteban, puissant homme d'affaire à la colle avec le pouvoir, est furieux. Une bande d'adolescents a piraté ses comptes et lui a piqué de l'argent, pour le reverser à une bonne cause. Il va dès lors mettre ses hommes sur le problème. Eric, en informatique, ainsi que Hugo et Boris, un ex-mercenaire soviétique, sont missionnés manu militari. La pression monte. Eric semble cacher ses liens avec Vendredi 13. Boris est prêt à tout pour évincer Hugo tandis que ce dernier semble partir dans un délire très personnel.
Un curé complètement saoul qui ne croit plus en Dieu lui a donné un livre dont nous ne saurons pas le nom (On le devine à la fin!) mais qui raconte l'histoire d'un homme qui fait le bien autour de lui. Et depuis Hugo se pose beaucoup de questions. Celui qui tuait sans problème de conscience va désormais chercher à prêcher la bonne parole et tenter de régler les problèmes de manière pacifique. Mais il est bien difficile de mener de front son travail de tueur à gages et sa mission de faire le bien. Surtout quand le sort s'acharne à vous faire tuer malencontreusement ceux que vous souhaitiez sauver!
Après le chouette Samedi 14, de Pouy, encore une belle pépite dans cette sympathique collection Vendredi 13! Cette fois-ci, c'est une auteur danoise écrivant en français qui rejoint les Éditions La Branche.
C'est tout d'abord une belle série de personnages que nous offre l'auteur. Entre le curé qui passe sa vie aux comptoirs des bars et voue aux gémonies tout ce qui a un lien avec Dieu et va se retrouver mêler à cette histoire de hackers bien malgré lui, le silencieux Boris qui cherche à tirer son épingle du jeu, le groupe de hackers, jeunes inconscients qui pensent changer le monde avec leurs piratages et vont se retrouver face à plus fort qu'eux, et surtout Hugo qui, armé de son chien, de son flingue et de son livre, cherche à changer sa vie en ratatinant par erreur ses cibles, inutile de vous préciser qu'on se régale!
Les dialogues sont bourrés d'humour noir, d'ironie et de second degré. Si l'action est un peu lente à démarrer, le rythme s'accélère rapidement et le lecteur assistera à une montée en flèche du scénario qui, s'appuyant sur la folie et le décalage d'Hugo de plus en plus importants, se terminera sur un final sanglant en apothéose!
Si l'histoire est relativement classique et sans grand suspens, on retiendra surtout son traitement pour le moins original. Le chien de Don Quichotte est un roman tragi-comique savoureux et quelque peu déjanté qui, mine de rien, pointe du doigt les contradictions de notre société : des activistes utopistes prêts à se vendre, un tueur qui ne veut plus tuer, le curé qui ne supporte plus le genre humain, ...
C'est drôle, c'est enlevé. J'aurais presque aimé que l'auteur aille encore plus loin dans l'improbable!