Une histoire d'écrivain
ou quand la littérature
est rattrapée par la télé-réalité...
LE QUOTIDIEN DU LUXEMBOURG
Serge Bressan
Janvier 2013
Le Français Gary Montaigu vit à New York et reçoit le très prestigieux International Book Prize.
Quelques-uns de ses amis (parmi lesquels Alain Mabanckou, Pascal Fioretto et un spécialiste du philosophe Jean-Baptiste Botul) sont venus le féliciter...
C'est le point de départ d'Un écrivain, un vrai, le septième roman de Pia Petersen, Danoise installée en France et bénéficiant d'une belle cote d'estime dans la République des lettres – ce qui est grandement mérité à la lecture de ce roman.
Gary Montaigu veut continuer de tracer son sillon, d'avancer dans ce projet qui, au final, devrait constituer une œuvre. Mais voilà qu'une télé se pointe – et lui propose de prendre part au programme de télé-réalité Un écrivain, un vrai. Le principe, on le connaît: l'auteur est suivi 24 heures sur 24 par les caméras.
Lui, il n'est pas trop chaud pour se lancer là-dedans mais sa femme, qui frémit à l'odeur des chèques et des billets de banque, le pousse à accepter. Alors, on va plonger en plein storytelling, en plein writing process.
L'écrivain écrit devant les caméras, propose aux téléspectateurs le texte qui devient un feuilleton de 30 minutes par épisode.
Évidemment, et c'est la règle du jeu cachée, la production se permet de travestir ses mots et les choix des téléspectateurs.
Montaigu a cru qu'avec cette émission télé, il pourrait démocratiser la littérature. Quelques mois plus tard, on le retrouve dans un fauteuil roulant après avoir été victime d'un accident étrange...
Dans cette histoire d'écrivain, on l'aura compris, Pia Petersen propose en creux une réflexion sur les limites de l'auteur (jusqu'où peut-il se permettre d'aller pour vendre ses livres?) et aussi sur les nouvelles formes d'écriture. Un roman fort et bien mené.