Un roman efficace qui interroge sur le sens de la littérature

SOPHIELIT
Sophie Adriansen
Mars 2013

Personnalité complexe, Gary Montaigu oscille entre la recherche d’absolu, sa vocation d’écrivain, son dévouement total à son art, et les volets mondain et lucratif de son activité, encouragé en cela par son épouse, Ruth, fascinant personnage qui est elle totalement dévouée au talent de Gary, qu’elle fait rentrer avec brio dans le moule du roman populaire, se vautrant dans un succès qu’elle considère comme collectif.

Pia Petersen n’a pas son pareil pour mettre en mots la frénésie newyorkaise, ce mouvement constant, ces silhouettes dont on happe un détail au passage, ces figures récurrentes qui deviennent personnages – la solitude, aussi, plus douloureuse encore au milieu de la foule anonyme.

Avec une bonne dose de cynisme, elle pointe les dérives de l’exposition médiatique, dans un monde où tout le monde apprécie les écrivains mais où presque plus personne ne les lit. Et, avec ce roman rythmé, elle nous délivre une sentence impitoyable: en autorisant les interventions (les intrusions!), l’artiste perd peu à peu sa personnalité et finit par ne plus s’appartenir à lui-même; en s’autorisant le mélange des genres, il perd peu à peu son art.

A l’heure où tout est bon dans le cochon pour faire vendre du livre, un roman efficace qui interroge sur le sens de la littérature.